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  • Ruth Bansoba

À l’intersection des identités

Dernière mise à jour : 30 juin 2020



L’intersectionnalité est un terme qui n’est pas encore assez connu et pourtant, ce concept nous affecte tous sans exception. En 1989, l’avocate et professeure, Kimberlé Williams Crenshaw, a développé cette notion pour parler de l’oppression subie par les femmes noires. Par définition, c’est la façon dont l’intersection de différentes identités sociales, particulièrement minoritaires, entre en relation avec des systèmes et des structures d’oppression, de domination et de discrimination. Plus simplement dit, c’est le résultat que produit la réunion de plusieurs motifs de discrimination dans une seule personne.


À la base de cette conversation sociale et philosophique se trouve l’identité, cet ensemble de faits et de données qui font de nous ce que nous sommes. On y retrouve la langue, ce qu’on mange, la couleur de peau, le genre, la grandeur, les traditions, les coutumes, les valeurs, la classe sociale, l’orientation sexuelle et j’en passe. C’est tous ces éléments qui, combinés, nous distinguent et font de nous des êtres uniques. L’identité est issue de la façon dont nous nous percevons, mais également comment notre société et ceux qui nous côtoient nous catégorisent. Ces deux réalités échappent souvent à notre contrôle, car bien qu’on puisse choisir de manger certains mets typiques de notre culture, il est beaucoup plus difficile, voire impossible d’exercer un choix pour d’autres éléments de notre identité telle que la grandeur, l’origine, l’orientation sexuelle ou la couleur de peau. La société nous dicte ce qui est autorisé et valorisé et ce qui ne l’est pas. Si on combine l’impossibilité de choisir et le caractère socialement péjoratif de certains éléments identitaires, nous voyons l’apparition de hiérarchisation et domination. En haut de l’échelle, on y trouve bien évidemment l’homme blanc hétérosexuel. En dehors de ces éléments, il y a une forte chance d’être victime de traitement discriminatoire et plus on s’éloigne de ce modèle de base, plus les chances augmentent. Plusieurs raisons, sans la justifier, expliquent cette réalité et l’histoire en est la preuve.

La place de la femme, des personnes racisées ou la place des personnes homosexuelles a pendant longtemps était restreinte au niveau social et professionnelle, et ce, de façon générale. On peut accuser le système patriarcal, le colonialisme, l’esclavagisme et l’endoctrinement issu de la religion. Chose certaine, les répercutions sont belles et bien présentes dans notre société. De nos jours, ce n’est pas un secret que dans plusieurs entreprises, les femmes reçoivent un salaire inférieur aux hommes pour le même travail, mais surtout, le travail effectué dans la « cuisine » n’est toujours pas reconnu comme un travail. Également, selon l’Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), 46 % des immigrants au Québec se trouvent en situation de surqualification et enregistre un revenu annuel inférieur de 10% à celui des femmes natives. Ce chiffre monte à 40% lorsqu’on le compare aux hommes natifs. Quant aux personnes homosexuelles, en 2020, elles sont toujours victimes d’actes homophobes et de discrimination pour certains privilèges dont bénéficient les personnes hétérosexuelles.

Tous ces faits sont désolants d’autant plus que notre société est basée sur des valeurs d’égalité et de respect. Comme madame Crenshaw l’a si bien dit, le pouvoir social tend à exclure ou marginaliser ceux qui sont différents, quelle que soit leur différence. Si on reconnait l’aspect unique de notre identité, on reconnait également que nous sommes différents et forcément nous serons un jour confrontés à l’intersection des différents éléments qui composent notre identité.

C’est le devoir de tout un chacun de promouvoir la diversité, car le contraire serait le déni de notre propre identité. C’est également le rôle de chaque acteur juridique de protéger cette richesse sociale. Pour remplir ce devoir adéquatement, reconnaitre cette richesse et les obstacles y afférents, c’est la moindre des choses.

Ruth MB.


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